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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

17/06/2025 11:14 522
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Jusqu’au 5 octobre, le musée Condé au château de Chantilly expose exceptionnellement vingt-six enluminures du célèbre manuscrit Les Très riches Heures du duc de Berry. © Château de Chantilly, 2025

Attention, chef(s)-d'œuvre de papier en vue au château de Chantilly ! Le musée Condé consacre une exposition exceptionnelle aux Très Riches Heures du duc de Berry, sans doute l'un des (sinon le) plus célèbres manuscrits du monde.

l’occasion de la restauration des Très Riches Heures du duc de Berry, le musée Condé de Chantilly profite du démontage de ce manuscrit du XVe siècle pour en exposer, jusqu’au 5 octobre, vingt-six enluminures séparément et en raconter le contexte artistique avec de nombreuses œuvres venues du monde entier. Nous sommes en 1411 et le collectionneur et bibliophile Jean de Berry (1340-1416) approche trois enlumineurs, les frères de Limbourg venus de Nimègue.

Un manuscrit à la longue histoire

Les historiens de l’art le considèrent comme l’un des plus importants manuscrits du Moyen Âge. Il a été enluminé par les jeunes frères de Limbourg au début du XVe siècle à la demande du duc de Berry (que l’on reconnaît ici à sa toque en fourrure) mais est resté inachevé à la mort des trois artistes. Barthélémy d’Eyck le complète vers 1416 pour la famille royale. Lorsqu’il passe dans les mains de Charles Ier de Savoie vers 1485, c’est Jean Colombe qui tente de terminer son décor peint. Les Très Riches Heures sont achetées à Gènes en 1856 par le duc d’Aumale, qui le conserve au château de Chantilly et le fait connaître grâce à la photographie naissante.

 
 

Janvier, dans le Calendrier des Très Riches Heures du duc de Berry, des frères Limbourg, Paris et Bourges,1411-1485, présenté dans l’exposition « Les Très Riches Heures du duc de Berry », Orangerie du château de Chantilly, 2025 © Château de Chantilly, 2025

Un mécénat éclairé

En mécène éclairé, Jean de Berry s’entoure de nombreux artistes à Bourges, qui devient un véritable foyer créatif. Pour son tombeau, il demande à son sculpteur Jean de Cambrai de réaliser un gisant en marbre blanc, posé sur une dalle noire flanquée de pleurants comme il était d’usage chez son frère le duc de Bourgogne. Le duc de Berry, qui possédait également l’Auvergne, le Poitou, Étampes et Boulogne, profite de sa commande des Très Riches Heures pour y faire figurer ses différents domaines, du château de Dourdan à celui de Poitiers. Oublieux de la Guerre de Cent ans et des conflits entre les Armagnacs et les Bourguignons, le manuscrit transmet l’image d’un monde paisible et heureux.

 
 

Au premier plan : Gisant du duc de Berry (vers 1439) de Jean de Cambrai, présenté dans l’exposition « Les Très Riches Heures du duc de Berry », Orangerie du château de Chantilly, 2025 © Château de Chantilly, 2025

Un bibliophile passionné

Collectionneur passionné d’objets d’art et de pierres précieuses (quelques rares pièces, sauvées des fontes qui servaient à financer les guerres du duc, sont présentes en début de parcours), le duc de Berry était également un bibliophile cultivé (Christine de Pizan disait qu’il « aimait les beaux livres de sciences morales et politiques, l’histoire romaine et les lectures instructives »). Une longue litanie de manuscrits, venus de la Bibliothèque nationale de France, de Genève ou de New York, témoigne de la qualité des textes qu’il lisait et fait face aux six psautiers qui lui appartenaient (tous ici réunis pour la première fois depuis la mort du duc de Berry en 1416).

 
 

Au premier plan : La Cité de Dieu (1402) du Maître de Jeanne de Laval, présentée dans l’exposition « Les Très Riches Heures du duc de Berry », Orangerie du château de Chantilly, 2025 © Connaissance des arts / Guy Boyer

Le manuscrit en majesté

Deux cahiers enluminés, correspondant au calendrier, ont été extraits du manuscrit relié, que l’on voit exposé au centre de la salle, ouvert à la célèbre page de l’Homme zodiaque. Tout autour, en deux rangées concentriques, s’alignent les douze doubles pages correspondant aux mois de l’année. Les recherches menées par le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France (C2RMF) ont permis d’étudier les matériaux employés, le support de parchemin et les rares repentirs des enluminures. Un film, basé sur de gros plans des feuillets, permet de voir les détails invisibles à l’œil nu et les différences de style des différents intervenants.

 
 

Au centre : Les Très Riches Heures du duc de Berry (vers 1416) des frères de Limbourg, présentées dans l’exposition « Les Très Riches Heures du duc de Berry », Orangerie du château de Chantilly, 2025 © Château de Chantilly, 2025

Pourquoi Très Riches ?

Après avoir réalisé ses Belles Heures entre 1405 et 1409, les frères Limbourg vont orner très brillamment les Très Riches Heures du duc de Berry à partir de 1411. Trois campagnes d’enluminure vont se succéder en cinq ans, nécessitant, en plus de Herman, Paul et Jean de Limbourg, quatre copistes, neuf enlumineurs et huit peintres d’initiales. Tous les décors sont peints, y compris les bouts de ligne en fin de paragraphes (le très beau catalogue, imaginé par Marine Bezou et publié par le musée Condé et les éditions In Fine joue de cet artifice typographique). La très grande richesse de ce manuscrit se retrouve jusque dans les moindres détails comme ces reflets d’argent dans l’eau de la scène de baignade.

 
 

Détail du mois d’août des Très Riches Heures du duc de Berry (vers 1416) des frères de Limbourg, présenté dans l’exposition « Les Très Riches Heures du duc de Berry », Orangerie du château de Chantilly, 2025 © Connaissance des Arts / Guy Boyer

Jusque dans les marges

Sur un parchemin si fin que l’on peut voir les enluminures réalisées sur le revers des pages, alternent, dans la partie calendrier, d’un côté des scènes de la vie paysanne correspondant à un des mois de l’année et surmontées d’un demi-disque contenant des informations astronomiques, et de l’autre des données permettant le calcul entre les calendriers solaire et lunaire et une liste des saints de chaque mois. Le mois de septembre, avec les vendanges, montre le château de Saumur, qui appartenait au neveu du duc de Berry, Louis II d’Anjou. On devine également le tournoi dit du Pas du Perron, organisé en 1446 et donc peint ultérieurement par Barthélémy d’Eyck. Quelques années plus tard, Jean Colombe termine la scène des vendangeurs.

 
 

Le mois de septembre des Très Riches Heures du duc de Berry (vers 1416) des frères de Limbourg, présenté dans l’exposition « Les Très Riches Heures du duc de Berry », Orangerie du château de Chantilly, 2025 © Château de Chantilly, 2025

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