Une vingtaine de figures emblématiques des jardins de Versailles répondent désormais aux questions des curieux, dans un dispositif multilingue qui change le rôle traditionnel de la médiation. Cette innovation entend faire de chaque visite une expérience à la fois personnelle, interactive et spontanée.
Dans les allées solennelles du château de Versailles, une voix s’élève là où l’on n’entendait jadis que le vent et les pas des visiteurs. Des statues figées dans le marbre depuis des siècles prennent aujourd’hui la parole, guidées non par l’illusion mais par la précision d’une technologie de pointe. Portée par une collaboration entre un laboratoire d’innovation culturelle et un géant du numérique, cette initiative place l’intelligence artificielle à Versailles au cœur d’une expérience inédite, où le passé s’anime au rythme des questions du présent.
Concevoir un dialogue entre l’art classique et les modèles d’IA
Faire parler une statue du XVIIIe siècle n’a rien d’un tour de magie. Derrière cette expérience, il y a une technologie de pointe et un vrai défi de contextualisation historique. Les visiteurs déclenchent la conversation en scannant un QR code à proximité des statues. Leur téléphone lance alors un échange vocal, en français, en anglais ou en espagnol. La voix qui leur répond n’est pas générée au hasard. Elle puise dans une base documentaire rigoureusement sélectionnée, adaptée au ton du lieu et à la diversité des questions posées.
Le château de Versailles a présenté cette innovation dans un communiqué en février 2025. Le président de l’établissement public, Christophe Leribault, a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un gadget technologique mais d’un enrichissement profond de l’expérience culturelle. Il a également souligné au magazine Le Point, que ce projet n’avait nécessité aucun investissement financier du château, une opportunité précieuse à l’heure où Versailles cherche activement de nouveaux mécènes pour financer ses travaux.
Ask Mona et OpenAI, deux visions complémentaires au service du patrimoine
Ce projet repose sur une alliance entre deux entités bien distinctes. D’un côté, OpenAI, spécialiste mondialement reconnu des modèles de langage, met à disposition l’intelligence conversationnelle. De l’autre, la start-up française Ask Mona s’appuie sur son expertise en médiation culturelle pour structurer et valider les contenus transmis aux visiteurs.
Marion Carré, présidente d’Ask Mona, insiste sur l’importance de faire de l’intelligence artificielle un moteur de curiosité plutôt qu’un outil impersonnel. Elle explique, relayée dans les colonnes de Maddyness, que ce projet cherche à créer un lien sensible et accessible entre le public et l’œuvre, en rendant l’information vivante et dialoguée. Julie Lavet, responsable des partenariats européens chez OpenAI, ajoute que ce dispositif répond autant aux besoins des néophytes qu’à ceux des amateurs d’art éclairés.
Ce que révèle l’intelligence artificielle à Versailles sur l’avenir des musées
L’expérimentation menée à Versailles pourrait alors ouvrir la voie à de nouvelles formes de médiation dans d’autres lieux patrimoniaux. Plutôt que de remplacer les guides humains ou les contenus classiques, l’IA s’intègre comme une couche supplémentaire de narration. Elle permet une interaction personnalisée, flexible, sans contrainte de temps ni de niveau de connaissance préalable.
L’accès à cette technologie reste entièrement gratuit pour les visiteurs, ce qui contribue à démocratiser l’usage de l’IA dans les lieux culturels. Le dispositif est conçu pour s’adapter aux attentes de tous les profils, des curieux pressés aux passionnés qui posent des questions complexes. Cette approche, testée dans un cadre aussi emblématique que Versailles, donne un aperçu des musées de demain, où le silence des œuvres pourrait laisser place à une nouvelle forme de dialogue.