Un demi-siècle s’est écoulé, mais la victoire du Vietnam sur les agresseurs américains continue de fasciner le monde. Au cœur de ce triomphe: le Président Hô Chi Minh, architecte visionnaire de la puissance nationale.
Le Président Hô Chi Minh, éminent dirigeant et Père vénéré de la nation vietnamienne. Photo : VNA/CVN
Dans la pensée du Président Hô Chi Minh, l’indépendance nationale était un droit sacré et inviolable, intrinsèquement lié à l’unité et à l’intégrité territoriale. Ce principe fondamental a guidé son action, unissant indéfectiblement sa volonté de défendre la souveraineté et sa détermination à réunifier la patrie. Face à la division orchestrée par l’impérialisme américain et ses collaborateurs, il affirmait avec force : “Le Vietnam est un. La nation vietnamienne est une/Le peuple vietnamien est un. Les fleuves peuvent s’assécher. Les montagnes peuvent s’éroder. Mais cette vérité demeure immuable”.
En 1964, marquant une décennie de division du pays, dans sa lettre du Nouvel An, le Père de la nation vietnamienne adressait à son peuple un message : “Le Nord et le Sud sont comme la racine et la branche/Frères de sang, luttant d’un seul cœur/Bientôt la réunification sera un succès/Nord et Sud, nous partagerons la joie d’une seule maison”. Cet homme, dont le cœur vibrait d’émotion, n’en demeurait pas moins d’une fermeté absolue quant à l’objectif de libérer le Sud et de réunifier le pays.
Au général Vo Nguyên Giap, il avait déclaré avec force : “Même s’ils bombardent jusqu’à transformer la mer en désert, nous devons libérer le Sud à tout prix”.
Suite à l’offensive générale du printemps de 1968, dont l’objectif de libération du Sud n’avait pas été atteint, le Président Hô Chi Minh continua d’exhorter la nation : “En avant ! Combattants, compatriotes / Nord et Sud réunis, quel printemps plus joyeux !”. Fort d’un courage exceptionnel et d’un prestige inégalé, il sut transformer l’aspiration à l’unité en une mobilisation populaire sans précédent, visant à concrétiser coûte que coûte la réunification du pays.
Architecte de la stratégie de réunification
Réunion du Politburo du Parti dirigée par le Président Hô Chi Minh (centre), décidant de lancer l’offensive générale et le soulèvement du Nouvel An 1968. Photo : VNA/CVN
La guerre n’est pas seulement une confrontation de forces, mais aussi une bataille d’intelligences entre les états-majors, où l’élaboration d’une doctrine militaire est cruciale. En sa qualité de président du Parti et de la République, Hô Chi Minh joua un rôle déterminant dans la conception de la stratégie de résistance contre les États-Unis pour le salut national.
Pour apprécier pleinement la clairvoyance de Hô Chi Minh et du Parti communiste du Vietnam dans l’élaboration de leur stratégie, il est essentiel de comprendre la complexité du paysage international et national de l’époque. La tâche s’avérait d’autant plus ardue que le néocolonialisme était alors un phénomène nouveau et que le Nord du Vietnam était confronté aux multiples défis de l’après-guerre et des réformes agraires.
Sous sa conduite, à travers de multiples réunions du Comité central et du Politburo du Parti, la stratégie de résistance contre les agresseurs américains pour le salut national s’est progressivement dessinée.
Le premier “tournant” décisif dans la pensée du Parti concernant la guerre révolutionnaire fut la Résolution de la 15e plénum du Comité central du Parti (1959), prônant une combinaison de lutte politique et armée, passant d’une insurrection partielle à une guerre révolutionnaire de longue durée.
Sur cette base, le IIIe Congrès national du Parti (septembre 1960) adopta officiellement comme ligne directrice de mener simultanément deux tâches stratégiques dans les deux zones du pays, considérée comme la “seule solution juste” à l’“équation complexe” que constitue la révolution vietnamienne de l’époque.
Dans une guerre prolongée, l’objectif de libérer le Sud restait “constant”, mais la stratégie devait être continuellement adaptée. En 1965, l’escalade américaine plaça la nation vietnamienne face à une question cruciale : oser affronter les États-Unis, et si oui, comment ? Sous la direction de Hô Chi Minh, les 11e et 12e plénums du Comité central du Parti (1965) affirmèrent que malgré l’engagement direct des troupes américaines, le rapport de forces ne changerait pas fondamentalement ; le Vietnam était déterminé à vaincre les États-Unis et y parviendrait.
Par la suite, en fonction de la situation réelle sur le terrain, l’offensive générale du printemps de 1968 et la stratégie de “combattre et négocier” furent adoptées.
Dans son message du Nouvel An 1969, Hô Chi Minh précisa la méthode pour mettre fin à la guerre : “Battre les Américains jusqu’à ce qu’ils se retirent, battre les fantoches jusqu’à ce qu’ils s’effondrent”, soulignant la nécessité d’une victoire progressive, abattant chaque partie pour parvenir à la victoire totale.
Prévisions d’une justesse déconcertante
Le Président Hô Chi Minh (4e à gauche) et des héros du Sud le 5 novembre 1965. Photo : VNA/CVN
Hô Chi Minh fut le premier à anticiper la substitution de la France par les États-Unis dans leur entreprise d’invasion du Vietnam. Dès le retour du général Vo Nguyên Giap après la victoire de Điên Biên Phu, il le félicita chaleureusement avant d’affirmer : “Notre peuple devra continuer à lutter contre les Américains”.
Lors du 2e plénum du Comité central du Parti (2e exercice - juillet 1954), Hô Chi Minh définit clairement : “L’impérialisme américain est en train de devenir l’ennemi principal et direct, et la pointe de notre lance doit être dirigée contre lui”. Il convient de souligner qu’à cette époque, les États-Unis venaient de subir de lourdes pertes durant la guerre de Corée ; peu imaginaient une nouvelle intervention militaire américaine imminente au Vietnam. Pourtant, l’histoire se déroula conformément à ses prédictions.
Le président avait également prédit avec une remarquable anticipation le moment de la libération du Sud. Dans le brouillon de son discours pour la Fête nationale du 2 septembre 1960, il écrivait : “Si tout notre peuple s’unit et lutte avec persévérance, au plus tard dans quinze ans, notre Patrie sera certainement réunifiée, le Nord et le Sud se retrouveront en une seule maison”. Dans son testament de 1965, il précisait que “la résistance contre les Américains pourrait durer encore quelques années”, soit moins de dix ans, une prédiction qui se révéla exacte.
Le Père de la nation avait même prophétisé l’utilisation par les Américains de bombardiers B-52 contre Hanoï et leur défaite consécutive à leur échec dans le ciel de la capitale. Si le premier bombardement au B-52 d’une base vietnamienne à Bên Cat (aujourd’hui province de Binh Duong au Sud) eut lieu le 18 juin 1965, dès 1962, il avait averti le camarade Phùng Thê Tài : “Dès maintenant, tu dois suivre de près et t’intéresser constamment à ce type d’avion”. En 1968, il prédisait : “Au Vietnam, les Américains perdront inévitablement, mais ils ne l’admettront qu’après avoir été vaincus dans le ciel de Hanoï”.
Mobilisation de toutes les énergies
Guidés et avertis par ses prévisions précoces et précises, l’armée et le peuple vietnamiens ont pu élaborer des plans de réponse adaptés et placer l’ennemi dans une position défavorable, conduisant à sa défaite.
Partant du principe que “la victoire ne tombe pas du ciel”, le Président Hô Chi Minh a exploré toutes les voies pour créer et exploiter une force globale, condition sine qua non du triomphe vietnamien. En premier lieu, il a élevé au plus haut niveau le rôle dirigeant du Parti, facteur déterminant de toutes les victoires de la révolution vietnamienne. Sous son impulsion, le Parti a pris des décisions stratégiques brillantes pour la conduite de la révolution au Sud. Il a également formé une relève de cadres fermement attachés à l’objectif de la libération du Sud, une démarche particulièrement significative au moment où le grand homme s’est éteint sans voir cet objectif réalisé.
Le dirigeant vietnamien a supervisé de près le transfert et le regroupement des troupes afin de préserver les forces et de constituer un vivier de ressources humaines pour la future révolution au Sud. Il a réussi avec brio à transformer la tradition patriotique et l’unité du peuple vietnamien en une force matérielle dans la lutte existentielle contre l’ennemi.
En écho à son appel “Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté”, le Nord a vu éclore des mouvements d’émulation patriotique dans tous les milieux et tous les secteurs. Au Sud, des “ceintures anti-américaines” se sont formées.
Fort de sa foi dans le peuple et de sa capacité à l’inspirer, le président a créé au Vietnam une scène singulière où “à chaque coin de rue, on rencontrait un héros”. Stupéfaits par un Vietnam petit mais tenace et indomptable, les amis internationaux ont salué : “L’homme vietnamien est la fierté tragique et magnifique de notre époque”. L’adversaire, quant à lui, qualifiait les combattants de l’armée de libération de “pieds nus, volonté d’acier”.
Plus tard, le secrétaire américain à la Défense, Robert McNamara, dut admettre leur terrible erreur d’avoir sous-estimé la puissance du nationalisme pour galvaniser un peuple... prêt à lutter et à se sacrifier pour ses idéaux. Cette immense force spirituelle avait été puisée et alimentée par le héros national.
Le fondateur de la République démocratique du Vietnam a pleinement exploité la puissance de l’Armée populaire vietnamienne. La résistance vietnamienne fut une guerre de tout le peuple, mais l’armée en resta le fer de lance. Il exigeait de l’armée qu’elle “développe toujours une discipline de fer, un esprit d’acier, une volonté indomptable de vaincre”.
Sous sa direction, l’Armée populaire vietnamienne est devenue l’armée héroïque d’une nation héroïque. Le monde reconnut notre armée comme “une force bien entraînée, très combative, considérée comme l’une des meilleures infanteries du monde”, le mérite lui en revient avant tout lui le Père bien-aimé des forces armées vietnamiennes.
Hô Chi Minh s’est attelé avec constance à ériger le Nord en un puissant arrière pour le front Sud. Il désignait le Nord comme la “locomotive”, le fondement de la lutte pour la libération nationale, et encourageait la jeunesse septentrionale à “fendre la cordillère de Truong Son pour sauver le pays”. D’innombrables familles du Nord ont reçu des avis de décès portant la mention poignante : “héroïquement tombés au front Sud”. Pourtant, le flux de ceux qui partaient au combat ne faiblissait jamais.
Soutien des amis internationaux
Le Président Hô Chi Minh s’adresse aux combattants lors du premier Congrès d’émulation “Déterminés à vaincre les agresseurs américains” des Forces armées populaires, le 7 août 1965. Photo : VNA/CVN
Avec une habileté remarquable, il a “internationalisé” la lutte du peuple vietnamien, s’assurant un soutien massif de la communauté internationale. Il n’a cessé de souligner que le combat du Vietnam contre les États-Unis visait à défendre la justice, l’égalité des droits pour toutes les nations et une paix véritable. Soutenir le Vietnam dans sa lutte devenait ainsi la “mesure“ d’un internationalisme sincère, de la conscience et de la dignité humaine. Son pouvoir de persuasion et son internationalisme ont valu à son peuple une sympathie et un soutien considérables de la part de l’humanité.
Dans une lutte acharnée et prolongée pour l’indépendance nationale, la foi en la victoire était cruciale. Cette conviction, qu’il a su insuffler à son peuple, fut un puissant moteur pour surmonter tous les obstacles et marcher vers le triomphe final.
L’affection profonde qu’il portait à ses compatriotes du Sud a ému la nation et renforcé sa détermination à libérer le Sud pour “accueillir l’Oncle Hô et voir son sourire”. Ses paroles, telles que “Le Sud est toujours dans mon cœur”, “Je suis parti mais ne suis pas encore arrivé à destination”,
“Je n’ai pas encore rempli mon devoir envers mes compatriotes du Sud”, et sa dernière volonté de voir une partie de ses cendres envoyées au Sud si la réunification n’était pas achevée à sa mort, ont bouleversé des millions de cœurs.
Même affaibli par l’âge et la maladie, il pensait constamment au Sud, puisant dans ses victoires force et joie pour combattre la maladie. Tout le peuple vietnamien comprenait et chérissait cet amour, si bien que le premier serment prononcé à sa mort fut de “libérer résolument le Sud et de réunifier le pays”, un vœu qui devint réalité moins de six ans plus tard.
Minh Tuyêt - Huong Linh /CVN